8 Français sur 10 déclarent rencontrer des difficultés à suivre une conversation sur leur lieu de travail à cause du bruit (Source JNA-IFOP 2016).

 

Un niveau sonore continu, en dessous des valeurs réglementaires de (80 dB / 8 heures),  génère une fatigue auditive.

La fatigue auditive correspond à un déficit temporaire des capacités auditives qui se caractérise par une diminution de la compréhension de la parole.

Cela entraîne un effort supplémentaire pour continuer à comprendre les conversations donc fatigue et possiblement stress, maux de tête, problèmes de sommeil.

Elle survient en cours de journée et à tout moment dans le cas où le système auditif ne dispose pas de temps de répit, hors exposition sonore.

Elle contribue donc à augmenter les risques psychosociaux et par la perte de vigilance, les risques d’accident au travail.

Une fatigue auditive qui s’installe dans la durée conduit à une usure prématurée des cellules sensorielles de l’oreille et donc à une surdité irréversible.

Pour prendre en compte la fatigue auditive et agir sur la performance individuelle et collective, il est nécessaire de considérer l’accumulation d’expositions sonores pendant et en dehors du temps de travail.

Il s’agit donc d’un facteur à intégrer par l’entreprise mais également par le salarié dans le cadre de son hygiène de vie et de santé.

Le bruit et ses effets sont des manques à gagner pour les entreprises.

19,2 milliards d’euros seraient ainsi « perdus » par l’exposition au bruit en milieu de travail par les entreprises françaises tous les ans.

Et a contrario, des salariés heureux et en forme sont des salariés performants et fidèles à l’entreprise.

Une nouvelle écologie santé-performance dans l'entreprise

Dans les débats actuels sur l’écologie, la place de la santé se réduit essentiellement aux problèmes de pollution de l’air, de l’eau, des sols et aux maladies qu’elles entraînent.

La prise de conscience de l’impact de la pollution sonore progresse, mais uniquement dans sa dimension déficits auditifs, gêne ou inconfort.

La pollution sonore impacte quotidiennement sur tous les espaces de vie et de travail.

Les désordres relevant du bruit altèrent temporairement ou durablement l’oreille, mais aussi la santé en général.

Ils modifient l’humeur, perturbent le sommeil, la qualité des relations sociales et par voie de conséquence la vie professionnelle et personnelle.

On se doit donc de ne pas passer sous silence la pollution sonore.

Plus qu’un engagement écologique, c’est une éco-éthique qu’il est nécessaire d’impulser et d’instituer tant sur le plan individuel que collectif.

La lutte contre le bruit est une urgence sociétale au même titre que toutes les atteintes à l’environnement.

Il faut que les pouvoirs publics étendent l’approche médicale et curative des problèmes auditifs, et intègrent l’audition dans un concept holistique de bonne santé en général.

La déclaration constitutive de l’OMS reprise dans la loi de santé au travail se donne pour objectif de « tout mettre en oeuvre pour éviter toute souffrance physique et mentale ».

Cet objectif doit inclure une réduction du bruit dans tous les secteurs d’activité. Il y a urgence.

Dans ce nouveau plaidoyer, les experts de l’association JNA souhaitent, qu’au-delà des idéologies, une nouvelle écologie santé-performance durable émerge dans l’entreprise : une éco-éthique de santé.

Source :

Le Pr. Jean-Luc Puel,
Président de l’association JNA